(Sierra) I'm a cast away, and men reap what they sow

Anecdotes

Elle est dotée de la capacité d'Intuition mais n'en a pas conscience. Lorsqu'un danger est proche, elle ressent une sensation de malaise, qu'elle met sur le compte de son instinct. Cette capacité lui a parfois sauvé la vie mais la rend asociale ; elle se dérègle à force d'un usage trop régulier, hors elle n'en a aucun contrôle. ◈ Elle est plutôt douée pour la castagne, et ne quitte jamais son arme de fortune, bricolée à partir d'un morceau de taule. ◈ La seule diplomatie qu'elle connaisse est le charme. Elle n'a aucun scrupule à s'en servir. ◈ Elle renvoie une image indifférente à la mort et aux dangers, alors qu'elle crève de peur à l'idée de mourir. ◈ À ses yeux, les réfugiés sont des faibles, des lâches et des hypocrites. Leurs bastions sont destinés à tomber un jour ou l'autre. ◈ Elle déteste rester trop longtemps au même endroit, mais est assez curieuse pour mettre son nez n'importe où quand l'occasion se présente, y compris ces fameux bastions qu'elle méprise.

Histoire

Au début, nous étions une dizaine. Mélange hétéroclite d'individus, de plusieurs familles plus ou moins morcelées. Seuls mes parents avaient toujours vécu à l'extérieur, la plupart des autres étaient soit des exclus, soit des inadaptés. Notre vie était nomade, mais notre route était dictée par la prudence et la ruse de ceux qui connaissent presque tout de la survie. Toute mon enfance, nous évitions la civilisation sauf en cas d'extrême nécessité. Les plus anciens d'entre nous le savaient, après tout, l'homme est un loup pour l'homme. Mais c'est une leçon que je ne compris que des années plus tard.

Mon père est mort six mois avant ma naissance, dans une escarmouche avec un autre clan. Ma mère aimait raconter comme il était courageux, qu'il nous avait tous sauvé ce jour là. J'ai toujours pensé que c'était des conneries. Je le devinais dans les yeux des autres. Il est sûrement mort salement, et sans gloire. Je peux pas vraiment lui en vouloir, ce monde fait de cadeaux à personne, sauf peut-être aux friqués d'Helion. Quand à ma mère, c'est une blessure qui l'a emporté. Une foutue blessure stupide, faite dans une chute stupide, alors qu'on fouillait des ruines. Dehors, il suffit d'une plaie ouverte, et on y reste. J'avais vingt deux ans. À l'époque, le clan m'appelait « tête brûlée » - sans doute qu'ils étaient assez malins pour déjà voir que je leur causerais des emmerdes. Pourtant, j'y échappais toujours, aux emmerdes. Allez savoir comment.

Le clan perdait des membres, année après année, et l'imbécile qui nous servait de chef ne faisait rien - ni pour nous trouver un meilleur coin, ni pour recruter. Quand la dispute éclata, nous n'étions plus que quatre. Moi, Selene, sa mère et le chef de bande. L'idiot ne voulait pas m'écouter, alors je l'ai descendu sous les yeux des autres, qui n'ont pas bougé bien sûr. Un coup de métal sur la tempe. Elles savaient que j'avais raison. À partir de là, on a changé d'objectif. Survivre de chasse et de fouille, c'était plus possible, pas à trois. Selene était maligne, sa mère savait se battre et moi... Je servais surtout à nous embarquer là-dedans, tête baissée. La contrebande. Pas n'importe quelle contrebande cela dit. Reiver, Helion. On quittait les zones les moins hostiles pour retourner dans les terres, et trouver les contacts de Selene. Elles avaient vécu à Helion, des années auparavant. Quelques pattes graissées, et nous voilà sur un véritable filon d'or : des médoc, des vrais. Pas des concoctions et autres bricolages de survivants, non. À Steros, on en tira une fortune, le plus discrètement possible. Des rations suffisantes pour des mois de tranquillité. C'était il y a cinq ans. Le bon sens voulait qu'on ne recommence pas trop souvent, au risque d'attirer l'attention. Alors on décida d'alterner. Quelques mois dans l'ombre, puis un nouveau coup. Je ne peux pas dire qu'il n'y avait rien d'excitant à faire passer une telle marchandise d'un bastion à l'autre, au nez et à la barbe d'Helion. Et nous ne risquions pas grand chose une fois sur les routes. Ceux qui prenaient tous les risques, c'étaient les contrebandiers de Reiver et d'Helion.

Quand la mère de Selene tomba malade, les choses changèrent. Au début, on essaya de la soigner avec les médicaments, mais quelque chose n'allait pas. Ce n'était pas suffisant. Il lui fallait du repos, un meilleur environnement, m'expliqua Selene. Je compris avant qu'elle ne le dise. Steros. Et c'est à ce moment que je fis la plus grosse connerie qui soit : accepter. Je suivais cette femme avec qui j'avais grandi, comme une aveugle, en me disant que Steros n'était peut-être pas si mal que ça. Une communauté. Rien que d'entendre ce mot, j'en ai encore le dos qui se hérisse. Des kilomètres plus loin, nous voilà aux « portes du paradis » à réclamer refuge. Dès les premiers jours, je sentis que quelque chose n'allait pas. On me surveillait du coin de l’œil, on me posait mille questions, comme si la moindre réponse qui ne leur plaisait pas allait me valoir d'être jetée dehors. « C'est la procédure normale » affirmait Selene, la bouche en cœur. Gamine naïve. Je devais chercher à m'intégrer, mais tout ces gens me rendaient folle. Derrière leurs regards bienveillants, je percevais la méfiance. La certitude que je leur causerais des problèmes. Mon instinct, qui jamais ne m'avait fait défaut, me soufflait soudain de fuir le plus loin possible ; ou d'abattre mon poing sur le coin d'un menton. C'est cette seconde option que je choisis. Dès la première bagarre, le couperet tomba. Virée. Bannie, avant même d'avoir été acceptée. À Selene, je ne demandais rien, surtout pas de me suivre. Mais elle laissa sa mère aux soins de ces hypocrites, et prit le large avec moi. Sa loyauté la tuerait sans doute un jour.

Depuis, nous avons retrouvé l'extérieur. Ses dangers, ses aspects imprévisibles - avec dans nos sacs, à peine de quoi survivre quelques semaines. Mais nous savons à quoi nous attendre. Le désert m'attire bien plus que les maisons bancales de Steros. Peut-être pourrons-nous retrouver nos contacts, reprendre nos activités passées.

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