Aliam Neldrik ◈

Anecdotes

◈ Le personnage public : Aliam a toujours su que ce qu'il ferait le mènerait de près ou de loin dans les strates politiques du dôme, brisant ainsi le cycle dans sa famille. Cette dernière s'était de tout temps davantage tournée vers les sciences. Il était prêt pour ce rôle. Il en avait les compétences et les connaissances. Ils sont encore quelques-uns à se rappeler de son verve. On lui attribuait des qualités d'orateur. Par ailleurs, il était un membre apprécié de la population par son implication dans leur vie. On l'estimait grandement pour cela. Il donnait l'impression de faire de la politique pour pouvoir donner aux autres le meilleur. Par la suite, même lorsqu'il fut expulsé, il ne put laisser cette partie de lui au dôme. Au fond, il a cette poigne qu'on tous les hommes politiques. Si son rôle à Steros semble davantage celle d'un guide, ce n'est au fond qu'un abus de langage. Il reste celui qu'il a toujours été, dôme ou pas dôme. C'est un rassembleur qui amasse autour de lui des gens comme un gourou le ferait avec ses fidèles.

◈ Un homme de lettres : Il a bénéficié d'avantages que d'autres n'ont pas eu, notamment maintenant que les hommes ne s'instruisent plus de la même façon. Son éducation lui permit de posséder un panel de ressources plutôt utiles. Par ailleurs, il croit que le savoir doit être pérenne. Là où d'autres considérent les écrits et la lecture comme une perte de temps, Aliam sait que ce sont des armes puissantes, car tout se trouve de-dans. Un chef doit tenir à l'écrit ses propos, car après son départ, cela sera la seule défense qu'il aura contre la diffamation, mais aussi la seule mémoire de son époque. Peu importe le support, tant qu'on garde vivant cette trace de son passage et de son action. Par ailleurs, il se considère comme apologue dans sa recherche de l'égalité et la solidarité.

◈ La famille : La famille a toujours joué un rôle important dans sa vie. Elle est le pilier de son existence. Ce sont ses parents qui lui ont permis d'avoir des cartes en mains que d'autres ne possèdent pas. Son frère l'a poussé dans ses choix, sa femme l'a toujours soutenue et c'est la pensée de ses enfants qui lui a permis de garder espoir. Il n'y a pas de chose plus importante que sa famille aux yeux de Aliam. C'est à la fois sa plus grande force, mais aussi sa plus grande faiblesse. Il voit la famille comme bien plus qu'une équation obligatoire pour assurer la survie de l'humanité.

◈ Un physique particulier : Aujourd'hui, si on décrit l'homme, on en parle comme d'un sage, un vieil homme qui aurait fait face à des épreuves nombreuses. Ce n'est pas entièrement vrai, ni complètement faux. Une chose qu'on ne peut louper chez lui, c'est son regard étrange. Il semble vous percer de loin et pouvoir lire en vous. C'est probablement dû à la couleur de ses yeux : l'un étant bleu clair presque cristallin et l'autre beaucoup plus sombre. Certains pensent à tord qu'il a les yeux vairons. Ce qui est faux. En fait, il souffre d'une mydriase permanente qu'il aurait acquise suite à un coup donné par son frère. Un regrettable accident qui endommageât les muscles de son côté gauche et son œil perdit sa capacité à s'adapter à la lumière ambiante. Cela donne l'impression qu'il est de couleur marron.

◈ Une double face :Autrefois, Aliam était pétri de bonnes intentions, porté par un idéal plus grand que lui et des espérances folles. Les épreuves l'ont changé. Il est beaucoup plus amer et secret qu'autrefois. Si pour les autres, il est toujours le même qu'autrefois, au fond de lui, se tapit un autre, qui est prêt à tout pour se venger. Quand on a perdu son estime, c'est définitif. On ne peut plus rien y changer. C'est son orgueil qui parle. Blessé et meurtrie en son fort intérieur par ceux pour qui il avait travaillé, Aliam œuvre maintenant à les mener à leur perte. Tous les moyens sont bons pour y parvenir. Peu importe qu'il soit devenu une contradiction ambulante ou qu'il y ait des dégâts collatérals. Il compte bien se rappeler au bon souvenir de ceux qui l'ont rejeté. La vengeance est un plat qui se mange froid… très froid, mais bien assaisonné.

Histoire

« Les hommes ont fait des rois pour les hommes, et non pas pour les rois ; ils ont mis des chefs à leur tête pour vivre commodément à l'abri de la violence et de l'insulte ; le devoir le plus sacré du prince est de songer au bonheur du peuple avant de songer au sien ; comme un berger fidèle, il doit se dévouer pour son troupeau, et le mener dans les plus gras pâturages. » Livre Premier, p, 99.

Hélion était le dernier rempart de la civilisation. Là où tout n'était plus que désolation, s'élevait le dôme tout de métal et de verre qui portait le nom de Hélion. Il surplomber l'environnement, se présentant comme un phare dans une nuit sans lune. Il était un souvenir de la tentative désespérée des hommes d'autrefois de sauver l'humanité... mais personne ne pensait plus à cela. Les hommes qui naissaient dans le dôme, ne connaissaient comme réalité que ce dernier et le passé ne les importait guère ; il y avait déjà tant à faire avec le présent. Cependant, tous savaient que c'était le meilleur endroit offert aux hommes pour survivre, car au-dehors il n'y avait rien et on ne pouvait trouver pareil miracle ailleurs. Aliam Neldrik faisait partie des hommes chanceux qui avaient vu le jour entre ses murs. Fils aîné de la famille, il avait la bonne fortune de naître au sein d'un foyer dont la stature sociale dans le dôme était importante. Il ne connut pas particulièrement de moments difficiles. A bien des égards, la vie que menait Aliam était celle dont pouvait rêver tout citoyen du dôme. Il était chéri par ses parents, avit un jeune frère aimantet il ne connut ni la faim, ni la soif, ni aucune condition désagréable de vie. Oui, la vie au dôme était parfaite pour le jeune Aliam. Il n'avait qu'à profiter de tout ce qui était à portée de sa main. Ce qu'il n'hésitait pas à faire. On l'encourageait d'ailleurs dans ce sens. Ses parents étaient des jeunes personnes éclairées, désireux d'élever leurs enfants du mieux qu'ils le pouvaient, tout en s'acquittant avec dévotion du travail dont ils avaient la charge au sein du dôme. Ils semblaient plutôt bien y arriver et tout semblait en tout point parfait !

« […] l'homme libre et riche supporte impatiemment un gouvernement injuste et despotique. » Livre Premier, p. 98.

Aliam eut la chance de bénéficier d'une éducation importante. Du fait du statut important de sa famille, il put recevoir une instruction que d'autres réfugiés ne pouvaient avoir . D'ailleurs pour la plupart, il n'y avait même pas d'intérêt ou de possibilité de pouvoir faire la même chose. Enfant, il ne voyait pas la grande disparité qu'il pouvait y avoir entre les différentes strates sociales du dôme. C'était parce qu'il ne le fréquentait pas vraiment. Son univers était bien limité en fait. Pourtant, c'est justement l'instruction qu'il reçut qui lui permit d'ouvrir davantage les yeux. Ainsi, l'enfant qu'il était appris à lire et à écrire tandis que d'autres gamins de son âge apprenaient toute autre chose. Aliam se révéla un jeune homme désireux d'apprendre. Il avait l'esprit éveillé et chaque nouvelle connaissance était du pain béni pour lui. Il se plongeait dans ses études avec l'appétit d'un homme qui vient de goûter au plus raffiné des mets. Ils étaient nombreux à dire qu'il le devait à ses parents. En effet, tous deux avaient des tâches scientifiques à accomplir et possédaient un savoir important en la matière, au regard des autres habitants du dôme. Il apparut très vite à tout observateur extérieur que Aliam pourrait mettre au service de la communauté, son érudition. Plus il grandissait, plus cette constatation devenait criante de vérité. Si les parents d'Aliam étaient entièrement dévoués à la science, ce dernier portait son attention sur une autre sphère. Déjà adolescent, il savait qu'il voudrait proposer ses talents et ses connaissances dans le domaine public. La science avait son intérêt, mais elle était aveugle aux hommes et c'est en eux que se portait les attentions de Aliam. Il servirait la communauté en se mettant à son service pour accomplir l'ultime mission : préserver, servir, pérenniser !

« La plupart des gens ignorent les lettres ; beaucoup les méprisent. Un barbare rejette comme abrupt tout ce qui n'est pas franchement barbare. » Préface, p. 5.

Bien qu'il était armé de bonne volonté, Aliam comprit que la tâche n'était pas aisée. Alors qu'il n'était qu'un jeune secrétaire au service d'un homme bien plus âgé qui tenait le titre de conseiller, il découvrit l'importance de l'observation dela vie dans le dôme. Il lui sembla qu'il avait porté des œillères tout ce temps. Si Helion avait offert à ses habitants une oasis dans le désert dangereux qu'était devenu le monde, la société y était devenue très codifiée. Si une hiérarchie peut être nécessaire pour permettre de survivre, celle du dôme était très stricte et opaque. Il y avait bien des évolutions, mais ce n'était pas suffisant pour dire que la société dans laquelle il vivait était une société juste et égalitaire. Pour mieux comprendre comment tout cela fonctionnait, dès sa prise de fonction, il avait pris l'habitude de se mêler à la population, observant et apprenant sans cesse comment tous les rouages de la société s'imbriquaient les uns aux autres. Il était parti sur cette étape, comme s'il s'apprêtait à prendre en charge un projet scientifique, probablement influencé par ce qu'il avait vécu dans sa famille. Cependant, il se rendit compte que l'on ne peut observer les hommes d'une manière froide et détachée. Le facteur humain est trop difficile à cerner. Il faut mettre la main à la patte et sortir du rôle du simple observateur. Son implication au sein de la population lui attira une certaine sympathie. Ses questions, son sérieux et ses actions faisaient de lui un personnage estimé. C'était à peu près à cette période, qu'il tomba dans les archives sur le livre qui allait tout changer pour lui. Il était en train de prendre la poussière coincé entre deux autres gros ouvrages. La lecture du livre avait tenu éveillé Aliam toute la nuit. C'était Le Livre ! Par la suite et à force de relecture, Aliam parvint à entrevoir les bases de son projet de reforme social qu'il comptait bien soutenir. Cependant, avant cela, il lui faudrait prendre place au conseil.

« Non, il n’y a rien de plus doux dans la vie que les jeunes rêves d'amour » Feuille de papier cornée, insérée dans le Livre Premier.

Alors que Aliam échafaudait les théories d'égalité et de solidarité qui seraient son combat par la suite, il fit la connaissance de Niamh. La jeune femme était l'assistante de sa mère dans ses travaux de recherches. Leur rencontre fut le fruit du hasard. En effet, cela faisait près de deux ans, qu'elle avait été assignée au projet de la mère de Aliam, mais jusqu'à présent ils n'avaient eu aucune raison de faire plus ample connaissance. Il faut dire que même si le dôme était bien petit face à l'échelle des mégapoles d'autrefois, il y avait tout de même 150 000 habitants. Oh, il n'était pas exclu qu'il l'ait aperçu une fois ou deux, mais il la remarqua vraiment que lorsqu'ils entrèrent en collision, alors qu'il se rendait au bloc de sa famille. Elle était venue récupérer quelque chose auprès de sa mère et lui était de retour pour la fin de la journée, l'esprit fort occupé par ses projets. La rencontre fut pour le moins inattendue. Pourtant, elle resta un souvenir plein de tendresse dans l'esprit de Aliam. Ce ne fut pas un coup de foudre comme il avait pu en lire dans certains ouvrages des archives, mais cette rencontre en avait entraîné d'autres. Niamh fut la première et la seule à le détourner un instant de tous ses projets. Il passa beaucoup de temps en sa compagnie, cherchant à mieux la connaître. Niamh n'était pas une femme d'une grande beauté, mais elle avait de l'esprit et un sourire enjôleur. Elle provoqua les premiers véritables émois amoureux en Aliam. Leur histoire d'amour se construisit d'abord sur une belle amitié avant d'évoluer vers des sentiments plus tendres. Pas de doute pour Aliam, elle était celle qui le complétait. Il ne s'ennuyait jamais en sa compagnie et ses sentiments pour elle était très forts. Il s'unit à elle un an après l'avoir bousculé dans ce couloir.

« Il existe une foule de nobles qui passent leur vie à ne rien faire, frelons nourris du labeur d'autrui, et qui, de plus, pour accroître leurs revenus, tondent jusqu'au vif les métayers de leurs terres. » Livre Premier, p. 19.

Enfin, il avait son siège de conseiller ! Cela avait pris un moment. Il avait eu le temps de rencontrer celle qui était sa femme et que cette dernière mette au monde leurs deux enfants. Aliam était plein de bonnes volontés et prêt à défendre les idées qu'il avait si loguement préparées. Il était armé de ses connaissances et de ses observations. L'homme avait enfin une tribune pour parler d'une société plus juste et plus égalitaire. Il s'en rendait bien compte : le dôme devait revoir sa politique sociale pour pouvoir prospérer. Il en parla avec ses autres confrères. Aliam pensait pouvoir les convaincre. Après tout, il n'était pas venu les mains vides et avait de quoi étayer ses arguments. Pourtant, cela semblait tomber invariablement dans l'oreille d'un sourd. On lui avançait qu'il ne se rendait pas bien compte de la situation. Il était le plus jeune conseiller. On lui conseillait de prendre justement un peu plus d'expérience à ce poste avant d'avancer ses idées folles. Il finirait bien par se rendre compte qu'elles n'étaient pas applicables. Pourtant, Aliam persistait. Il lui apparaissait de plus en plus que ces vieillards ne pouvaient comprendre. Il fallait diffuser son message dans toutes les strates du dôme pour toucher un maximum de personnes. Il avait été énormément influencé par Le Livre. Les choses ne se passèrent, toutefois, pas vraiment comme il l'avait imaginé. Ce n'était pas aussi simple, il ne le comprit que trop tard. Aliam ne pouvait confier sa frustration qu'à sa femme. C'est à peu près à ce moment-là qu'il perdit son père. Ce décès fut une étape difficile à passer. Si Aliam y parvint grâce au soutien indéfectible de sa femme et de ses enfants, sa mère ne s'en remit jamais vraiment. Elle traînait son chagrin sur elle partout où elle se rendait. Les heures sombres commençaient…

« Quel est l'homme qui désire plus vivement une révolution ? N'est-ce pas celui dont l'existence actuelle est misérable ? » Livre Premier, p. 42.

Il agaçait ! On ne le supportait plus, dans les hautes sphères. Il apparaissait de plus en plus dangereux. Aliam avait décidé de se passer de la volonté du conseil pour faire entendre son projet social et politique. Il avait franchi le Rubicon. Pour son audace et sa désobéissance, il fallait le faire taire. Tout cela fut décidé et Aliam subit les conséquences de son orgueil et de sa volonté de faire changer les choses. Tout d'abord, il dut subir un nouveau décès : celui de Niamh ! C'était comme un coup de poignard dans son coeur. Il était tellement dur d'imaginer que sa femme n'était plus. On ne la verrait plus jamais sourire mutinement et on n'entendrait plus le doux son de son rire enjoué. Niamh n'était plus… Elle laissait derrière elle un compagnon et deux enfants éplorés. Mais le destin n'avait pas fini de se jouer de Aliam, car quelques jours plus tard, alors même qu'il venait à peine de faire graver la pierre de Niamh au mémorial du dispensaire, la milice vient se rendre à la porte de son domicile. On lui informait qu'il avait commis un grave manquement aux règles. La sentence tomba comme un couperet : il serait banni et exclu du dôme, condamné à errer au-delà de ses murs protecteurs. Il ne pourrait en aucun cas revenir et ne pourrait plus jamais avoir de contacts avec ses enfants et sa mère. Aliam n'avait pas escompté pareil punition. Il avait été trop naif de croire qu'il pourrait changer les règles de lui-même. Il était devenu une pierre dans la chaussure des autres conseillers et ils avaient pris soin de l'écarter loin, là où ses idées ne pourraient plus rien bousculer. Oui, c'était cela ! Il en était sûr ! On l'avait jeté au loin en espérant qu'il ne viendrait plus jouer les troubles-fêtes. De plus, il soupçonnait qu'on avait empoisonné sa femme pour qu'il ne puisse voir ce qui se tramait dans son dos.

« La dignité royale ne consiste pas à régner sur des mendiants, mais sur des hommes riches et heureux. » Livre Premier, p. 100.

Aliam aurait pu finir brisé par cette expulsion et les sanctions inhérentes qui l'accompagnaient. C'était bien mal le connaître. Il ne possédait aucun savoir sur l'au-dehors… alors il apprendrait ! Il rencontra des survivants souhaitant rejoindre le dôme et il les détourna de leur but, en leur promettant la construction d'un campement indépendant pour les survivants ! Ils construiraient un monde meilleur et plus juste que celui du dôme. Aliam savait comment persuader et convaincre. Il avait bien appris ses leçons au sein du conseil. C'est ainsi que Steros vit le jour. Il l'installa à mi-chemin du littoral et du continent, se servant des ruines de bâtiments d'une civilisation depuis longtemps balayée par le temps et les âges. Aliam décida d'y appliquer les préceptes qu'il avait voulus offrir au dôme. Aucune division ou classe n'avait lieu dans le campement. Tout le monde devait se considérer l'égal de son voisin, du moins en théorie. Chacun devait se voir comme important. Il y avait la possibilité de participer à la vie du campement dans la mesure de ses envies et de ses capacités. Aliam se posait en guide pour toutes les âmes qui venaient rejoindre Steros, tant et si bien que cela devint vite le titre par lequel on le reconnaissait (et parfois l'appelait) au sein de la communauté. Steros était le rêve qu'il avait fondé lorsqu'il était tombé sur Le Livre. Pourtant, au fond de lui, Aliam rêvait d'autre chose. Le temps de l'utopie était mort lorsqu'on l'avait évincé et expulsé. Au fond de lui se tapissait une bête immonde qui réclamait du sang pour les offenses commises envers lui. Il obtiendrait justice et ferait comprendre à Hélion que cela avait été une très mauvaise décision. Dans le secret, il échafaudait déjà ses plans pour nuire au dôme. Il aurait sa vengeance…

« En voulant guérir la folie des autres, je tomberais en démence avec eux. » Livre Premier, p. 106.

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