Φ Huis-clos sanguinolent (8/10)

Huis-clos sanguinolent
La détresse dans les yeux du gamins était la même que celle qui se dépeignait sur le visage des convives. Avait-il prédit ce sanglant accident ? Même si cela paraissait impossible, ma nature me forçait à considérer chaque chose d'un point de vue différent que celui du commun des mortels. Je regarde autour de moi. Tout le monde a peur. Tout le monde doute. Quelques optimistes vont tenter d'ouvrir les portes. Les protecteurs essayent de calmer le jeu, demandant à tout le monde de garder son calme. Ma poitrine se soulève à un rythme long et régulier. Je n'ai pour me défendre qu'un coutelas émoussé. Mais au vu de la mort tragique de l'homme, ça ne me servirait à rien... Si un poison ornait la pièce, alors j'étais déjà mordre. Les protecteurs auraient beau se démener, ils ne pourraient pas nous sauver. Le poison serait plus fort. Au milieu de la foule, j'essayais de conserver mon sang froid. Ne pas céder à la panique était plus simple à dire qu'à faire. « Asseyez-vous tous ! » Entendis-je traverser la salle de bouche en bouche comme une chaîne que formaient les protecteurs présents. Le meurtrier était-il parmi nous ? Ou bien déjà dehors ? Sans doute... Un poison aux effets si fulgurants ne pouvait avoir été inséminé longtemps avant. Le danger laissait certaines personnes craquer sous la pression... fondre en larmes par la force des nerfs à vif. La vue de la marre de sang avait fait sombrer certaines âmes sensibles dans les vapes. Mais je tenais. Je restai, poings serrés, assise sur ce banc à observer les mouvements des autres.

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Mais oui, c'était une évidence, l'évidence même que tout cela n'avait rien de normal, rien de cela ne pouvait l'être. J'avais donc reçu un message de ce gamin pour me rendre dans la cafétéria de Steros, un lieu que je ne connais pas, puisque je suis habituellement à Hélion. Mais j'y étais, je ne comprenais pas. Mais je ne cherchais pas à comprendre la raison de ma présence ici. Je m'étais donc rendue là-bas pour tenter de comprendre le but de me présence. Et tout cela s'éclaircit, petit à petit. Ou plutôt tout devint rapidement obscur, comme si j'étais du côté obscur de la force. Un homme venait de s'écrouler devant la dizaine de personnes qu'il y avait autour de moi, du sang coulait de ces orifices de façon plus qu'anormale. Les réactions des personnes en présence étaient diverses. Personnellement, ça ne me plaisait pas le moins du monde, il faut l'avouer, mais j'essayais de rester calme même si mon visage paraissait tendu, plus que d'ordinaire. Qui avait fait ça ? Je ne saurais le dire. Pourquoi ? Comment ? Quand ? Des questions, mais aucune réponse pour le moment, mais ce qui serait bien, n'était peut être pas du goût de tous. L'assassin était sans doute dans la pièce sauf s'il avait eu le temps de partir avant que les portes ne soient condamnées, mais je n'avais vu personne sortir d'ici avant mon arrivée. Qui était le plus suspect ? Ceux qui pleuraient ? Ceux qui étaient presque tomber dans les pommes ? Ceux qui semblaient impassible devant la scène ?

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On ne les a pas forcé à venir ici. Ils ont juste reçu un pique par leur conscience . Ou quelque chose comme ça. Et ce qui semblait n'être qu'une réunion simple venait de dégénérer en un mort. Simplement. Les portes étaient condamnées et les murmures commençaient déjà à passer à travers la foule, petite foule. Chacun paniquait à sa manière. Il y avait les gens assis, dans leur grande majorité. Trop touchés pour tenir debout, trop las, trop peureux de se démarquer du groupe. Jinx n'avait même pas pris la peine de s'approcher des tables. Il voyait la situation de son pan de mur aussi bien que s'il était proche de la carcasse. Les pleurs qui s'élevaient de quelque part, étouffés ou non, lui prenait la tête. Et cette tête qui paraissait si stoïque de l'extérieur était des plus paniqués à l'intérieur. Rien ne se passait comme prévu. Il avait suivi l'enfant dans un acte de foi et se tenait maintenant dans une salle avec... un plausible tueur? On aurait dit un... une idée d'autrefois.
Avait-il envie de se mêler à une foule qui contenait peut-être (très certainement d'ailleurs) le tueur? Aucune. Si tueur il y avait. Alors une nouvelle fois il ne fit pas un geste, fixant la voix qui venait de parler. Fixant les gens sur les bancs. Si la panique se lisait sur les visages, il devait y en avoir un pour mimer cette dite panique.
Jinx ne veut pas créer de problème. Il ne veut juste pas mourir aussi bêtement que la mare de sang.

huis-clos sanguinolent

Personne ne résiste longtemps à la fragilité, à la détresse innocente d’un enfant. Du moins, personne dans cette pièce n’avait su l’ignorer. Naïf, on pourrait penser que toutes les personnes présentes ne sont que bienveillance et empathie. Misérable erreur. Qui dit meurtre, dit meurtrier. Peut-être l’un d’eux, peut-être quelqu’un extérieur à tout cela. Peut-être sont-ils tous futures victimes. Qu’a vu l’enfant exactement ? Il faudrait l’interroger. Furtivement, Urbain le cherche du regard. Mais ses yeux sont irrémédiablement attirés par le corps sans vie à ses pieds ; il était si proche au moment du drame que ses chaussures sont couvertes de sang. Le cadavre perturbe son esprit agité, l’empêchant de réfléchir convenablement. Il lui faudrait s’en éloigner, mais ses pieds sont comme prisonniers du sol de la cafétéria. Et son regard, plongé dans celui, vitreux, de la victime. Quel poison est assez puissant pour avoir cet effet ? Qui était cet homme ? Qui avait tout intérêt à le tuer ?

Autour de lui, ça bouge, ça s’agite. Ça tente de s’échapper, en vain. Ça le bouscule aussi, à un moment donné. « Asseyez-vous tous ! » Beugle une voix, relayée par d’autres personnes. Peu à peu, les gens s’exécutent. Le calme revient. Urbain relève le regard, s’éloigne d’un pas du mort. « Je ne bouge pas. Je refuse de me rapprocher de quelqu'un. Ça se comprend, non? » Sort un type, déjà suspicieux. Le jeune homme balade son regard à travers la pièce. Il était proche de la victime. Si on ne l’accuse pas immédiatement de meurtre, il est sans doute dans les derniers à l’avoir approché. Alors, avant que les soupçons ne s’éveillent et que son mouvement paraisse suspect, il s’exécute et rejoint le banc le plus proche, docilement, et s’assoit de manière à dissimuler au maximum ses pompes ensanglantées. « Quelqu’un devrait examiner le corps, pour savoir exactement ce qui l’a tué. » Se risque-t-il à mi-voix avant d'ajouter. « Et si on risque quelque chose. »

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 Les regards s’entrecroisèrent dans une danse muette. Le reflet vague et terne qui y régnait avait quelque chose d’étrange. Une sensation peu commune, comme si l’âme de chaque personne voulait s’enfuir de sa propre carcasse.  Pourtant, le brouhaha ambiant, les portes closes qui ne laissaient paraîtres aucune lueur sur le monde extérieur et ce sang qui venait baver sur les chaussures des convives, montré que les circonstances étaient bien présentes. Il y avait devant elle un homme allongé, probablement un cadavre vu la quantité de sang qui en jaillissait. La peur des uns et la panique des autres ne rendait pas le problème facile. Il fallait agir, elle était loin de la victime et la cohue ambiante ne lui permettait pas d’atteindre l’homme aisément.
  « Asseyez-vous tous !» Tenta-t-elle pour pouvoir passer. Elle se faufila rapidement entre des visages affolés et des mines dégoutées.  D’un geste calme, elle prit son pouls, examina ses pupilles qui ne réagissaient plus du tout. Le sang était légèrement plus foncé qu’à la normale. Cela lui rappela une réaction à un poison d’une plante particulière. Une plante assez rare, qui pousse dans le désert, une piqûre d’une de ces énormes épines et une fièvre bouillonnante vous envahit pendant des heures.Elle la surnommait la tentatrice, de magnifiques fleurs dotées d’un poison destructeur. Le problème était que ce poison seul ne pouvait pas provoquer de tels jaillissements de sang. C’était bien évidemment un meurtre.

“Ne buvez et ne mangez plus rien s’il vous plaît ! Il a été empoisonné !“

Elle se releva après avoir fermé les yeux du cadavre, le regard perdu entre l’accablement et l’imperceptibilité. Il ne fallait pas qu’un autre accident recommence. Elle détailla les expressions sur les visages face à elle, le coupable était peut-être dans la salle. Ou peut-être pas, s’il avait incorporé le poison avant l’arrivée des convives.

Huis-clos sanguinolent
Un gamin? Voilà ta faiblesse. Pendant un court instant, tu as cru voir ton fils accourir apeuré. Ton sang s'est figé et tu t'es retrouvé à le fixer. Tu avales ta salive. Comment ne pas répondre à cette détresse. Tu n'es pas le seul à avoir réagit, tu n'es pas seul à l'avoir suivit. On pourrait dire que tu l'as suivit les yeux fermer, mais faut bien voir où tu marches. Sans réfléchir, sans analyser la situation, tu es entré dans la pièce pour t'arrêter. Un simple regard vers cet armoire à glace et tu réalises que quelque chose cloche. Un regard rapidement derrière ton épaule, c'est fichu, les portes sont scellées. Dire que c'est une coïncidence, ou encore une mauvaise blague, ce n'est pas ton genre, il y a quelque chose qui se passe. Tu restes calmes, tu restes silencieux en écoutant les gens autour de toi. Tu avais prit le temps d'observer chaque personne dans la pièce avant de te faufiler jusqu'au corps. Ce n'est pas ça qui allait t'arrêter. Ton regard se pose enfin sur lui. Tu doutes que ce soit un hasard. Tu lèves les yeux vers la brune qui s'était approcher de lui et à ses yeux, pas une seule pulsion s'est animé sous ses doigts. Tu poses un genoux à terre, du poison. Mais lequel? Tu repousses doucement la demoiselle avant de te redresser. « Elle a raison, ne touchez à rien. On n'a aucune idée de ce qui c'est passé. À moins que l'un de vous en a une? » Tu as ce ton de juge dans la voix, quelqu'un dans cette pièce est sûrement responsable. Meëk, t'es trop calme, qu'est-ce qu'ils pourront bien penser. Tu t'en fiches en fait. Il faut bien quelqu'un qui garde la tête haute, la tête froide et hors de l'eau.

Huis-clos sanguinolent

La situation était bizarre, je dois bien l'avouer. Que se passait-il exactement ? Il fallait résoudre un meurtre, et visiblement, je faisais partie des potentiels suspects si je comprenais bien l'affaire. Il y avait du monde, et chacun agissait selon son bon vouloir ce qui ajoutait à la confusion du moment. L'un des hommes suspectés émit l'hypothèse que quelqu'un de compétent devrais examiner le corps, pour voir si nous ne risquions rien. Mais si c'était le cas, c'était déjà trop tard, nous allions tous mourir dans quelques minutes ou heures si le potentiel poison se trouvait dans l'air que nous étions en train de respirer. Une femme va donc vers la victime pour constater qu'il était bien mort. Non, sans blague, j'aurais pas cru voyez-vous. Elle dit qu'il ne faut rien boire, ni manger ici, car il a été empoisonné. Merveilleux. Personne ne savait quoi faire dans la situation, ce qui m'énervait un peu au passage.

" Si on ne fait rien, comment est ce qu'on va savoir ? Je vous le demande, alors non, je n'ai pas d'idées mais peut être que l'un d'entre vous est un spécialiste de la faune et de la flore dans le coin. Vu tout le sang qu'il y a, je pense que nous cherchons quelques choses qui le fluidifie, ou dans ce genre là. "

J'avais pris la parole, parce que nous ne pouvions pas rester sans rien faire même si je ne fais qu'émettre une idée rien de plus.