HistoireChapitre 1 ◈ Miracle Aerin a vu le jour dans un camp improvisé autour d’un vieux bunker de la forêt Weild ardemment protégés par un groupe d’une quinzaine de survivants y ayant élu domicile. Le bunker était utilisé comme lieu médical, c’était le lieu le plus appropriée pour une naissance d’une grossesse inespérée. Les chances de tomber enceinte étaient très minces et arriver jusqu’au terme encore plus. Un bébé miracle. Un accouchement difficile où mère et fille auraient pu mourir s’il n’y avait pas eu un médecin parmi eux.
Passé la peur de l’accouchement et des premiers jours de vie, il fallut adapter la vie de camp au bébé. Ce petit bout de chou était si frêle qu’ils n’étaient pas sûrs qu’il puisse tenir dans un lieu hostile, car malgré leur campement, ce lieu restait rude pour un adulte alors pour un bébé... Mais elle était solide et en bonne santé. Ils attendirent longtemps avant de la faire sortir dehors. Ce n’est qu’à ses trois ans qu’Aerin vit pour la première fois les rayons du soleil, la flore abondante de la forêt et qu’elle put ressentir son écrasante humidité.
Au fil des années, l’enfant grandit et s’adapta aux conditions de vie sans s’en rendre compte, car pour elle, tout ceci était normal. Ce n’était que le soir, autour du feu de camp, qu’elle apprenait que cette vie n’était pas si normale que cela. Souvenirs, discussions sur le reste du monde et le passé prenaient place. Tandis que la journée, Aerin s’occupait à la cueillette, à la nourriture, à l’exploration et à l’apprentissage de la faune et la flore. Sa mère, guérisseuse, lui enseignait chaque jour le nom des fleurs, leurs propriétés et leurs dangers. Aerin était souvent à ses côtés lorsqu’elle soignait les malades et les blessés. Ainsi s’organisait sa routine et ce simple quotidien lui plaisait. Ce n’était rien par rapport à ce qu’elle allait subir.
Chapitre 2 ◈ Réminiscence Déchéance et destruction : L'idée de bonheur est toute relative lorsque l'on ne connait rien d'autre que l'extérieur. Cette nuit là, Aerin comprit qu'elle ne connaîtrait plus cette bulle de bonheur avant bien longtemps. Le camp a été pris d'assaut par un groupe venant de l'intérieur des terres et qui espéraient s'installer dans la forêt. Branle-bas de combat. Le chaos le plus total. Le camp fut rapidement à feu et à sang. Les cris, l'odeur nauséabonde du sang, de la chair cramée, des cadavres s’amoncelant à chaque mètre et, au milieu de tout ça, une petite fille à peine âgée de dix ans pleurait à chaudes larmes, à la recherche de ses parents. Une cible parfaite. S'il n'y avait pas eu son père, Aerin serait morte, la gorge tranchée. Il sauva sa fille au prix de sa femme qui fut assassinée sous leurs yeux. Les envahisseurs trop nombreux, ils prirent la fuite. Il y a eu très peu de survivants, peut-être même étaient-ils les seuls.
Désertion et désolation : Depuis ce jour, père et fille devinrent de vrais nomades. Constamment en mouvement, ils ne restaient pas plus de deux nuits au même endroit. Dix années de vagabondage, de marche sans but, de souffrance physique et d'incertitudes. Se furent les pires et les plus difficiles années de sa vie, mais les plus riches en apprentissage de survie. Ne pas se fier aux apparences, car elle a acquis une endurance quasi olympique et un moral d'acier. Débrouillarde, caméléon, on apprend à faire qu'un avec la nature environnante. Sa connaissance de la flore et de la faune se sont enrichies. Son père lui a appris à se défendre plutôt qu'à se battre considérant que cela serait plus utile à Aerin et par souci de préservation d'énergie et de force.
Jusqu’à l’au-delà : Ils ont tout exploré. Ils ont même été jusqu'aux déserts ardus. Ça n'avait pas été leur intention première. Le père d'Aerin désirait la mener jusqu'à Helion, pour qu'elle soit définitivement en sécurité et surtout parce qu'il désirait une meilleure vie pour sa fille. Ce qu'il ne lui avait pas dit, c'est qu'elle serait la seule à pouvoir entrer dans le dôme, lui, il y avait été expulsé. S'il y retournait, c'était la mort assurée. Aerin ignorait tout. Et lorsqu'il vit à l'horizon un groupe d'individus faisant une ronde aux alentours, ce fut suffisant pour que son père change d'avis, prétextant une dernière exploration. Aerin avait l'habitude de suivre son père. C'était lui le milicien, le commandant, elle ne faisait qu'obéir aux ordres. Si elle avait su, elle se serait rebiffée. Le désert Ardeus passa encore, mais pas le retour par le Mont Aghia. Entre les chemins impraticables à la descente et les côtes escarpées, même les plus expérimentés ne survivent pas toujours. C'est ce qui arriva malheureusement au père d'Aerin. Sans qu'elle ne puisse rien y faire, en une fraction de seconde elle le vit déraper et s'évanouir dans une crevasse, mort sur le coup. Elle n'oubliera jamais l'épouvantable bruit de ces os brisés sous l'impact. Désormais, plus rien ne la retenait à l'extérieur.
Chapitre 3 ◈ Salvation Aerin n’était pas la seule à vouloir entrer dans Helion, Aerin se retrouva dans un petit groupe de survivants escortés par des miliciens de l’avant-poste jusqu’au dôme. Durant la journée de traversée, Aerin remarqua l’étrange boitement d’une jeune femme d’environ son âge. Plus ils avançaient plus elle avait du mal à dissimuler son malaise ainsi que le sang tâchant son pantalon. Alors qu’ils s’arrêtaient pour reprendre des forces, Aerin s’approcha de la jeune femme et lui demanda si elle pouvait jeter un coup d’œil. Réticente, elle reçut un farouche refus. Mais lorsqu’il fallût reprendre la route, la jeune femme en fut incapable. Réagissant avant les miliciens, Aerin s’occupa d’elle. Prétendant la connaître, elle demanda quelques minutes de plus. Puis, sans attendre la moindre confirmation, Aerin déchira le pantalon de la jeune femme pour voir de quoi il s’agissait. Une vilaine morsure ; probablement d’un chacal ou d’un coyote. La plaie était sanguinolente et infectée. Elle ne l’avait pas soignée. Ignorant les protestations des autres voyageurs –n’ayant qu’une hâte, celle d’arriver au dôme – Aerin vida son baluchon de fortune : une bouteille d’eau, des plantes médicinales, quelques baies, un haut à manches longues pour les froides nuits et un long bâton pour la marche. Autant dire pas grand chose, mais on fait avec les moyens du bord. Elle utilisa la moitié d’eau potable qui lui restait pour la bouillir pour y incorporer les feuilles d’astringente qu’elle avait cueillie au Mont Aghia quelques jours plus tôt. L’autre moitié, elle l’utilisa pour nettoyer du mieux possible la blessure. Lorsque le cataplasme fut prêt, elle le déposa sur la plaie et déchira son haut de rechange pour l’utiliser comme bandage. Après l’avoir aidé à se relever, Aerin donna à la jeune femme son bâton de marche pour l’aider à s’appuyer et si ce n’était pas suffisant, Aerin lui prêterait son épaule. Cette fois, prêts, ils repartirent. Aerin ne remarqua pas les regards sur elle et entre les miliciens à cet instant, trop concentrée à regarder où elle mettait les pieds tout en aidant la jeune inconnue à marcher.
Arrivés face au gigantesque dôme, ils passèrent un par un les tests dans la zone transitoire. Aerin les passa en toute franchise, pensant que dire la vérité serait préférable au mensonge. Après tout, elle ignorait complètement ce qu’ils savaient d’elle, de sa famille, de l’extérieur et des survivants. Alors, autant être franche que passer pour une menteuse et être renvoyée pour cela. Au final, elle fut recalée. Et maintenant ? Aerin n’avait d’autre choix que de quitter Helion. Elle n’était pas la seule et son unique consolation fut de ne pas voir la jeune femme qu’elle avait soigné tantôt. L’inconnue n’était pas parmi les expulsés. Aerin en conclut qu’elle était restée. C’était le mieux pour elle, car elle n’aurait pas eu beaucoup de chance de survie à l’extérieur avec cette blessure. Plus satisfaite que malheureuse sur le coup, Aerin s’apprêtait à quitter définitivement les lieux en compagnie des autres personnes éconduites. Ils étaient guidés, ou plutôt surveillés, par une unité de Reiver. D’ailleurs, l’un d’eux, à l’écart des autres, l’interpella. Méfiante de nature et sans doute par réflexe, Aerin prit la poudre d’escampette, mais c’était sans compter sur le coéquipier du milicien qui lui fit un croche-pied pour la stopper. Après un magnifique écrabouillage sur le sol et des rires, Aerin fut relevée et constata qu’ils étaient seuls : elle et les deux miliciens. Pourquoi l’avait-on séparé du groupe ? Elle le comprit par la suite. Elle avait été repérée. Ses connaissances et ses talents pouvaient être utiles et appréciées à Reiver en échange d’un lit et d’un toit. Malgré sa surprise, Aerin n’hésita pas longtemps. Lit et toit étaient suffisants pour convaincre un survivant. Elle était venue jusqu’au dôme pour échapper à la dure, éreintante et dangereuse vie de l’extérieur. Elle ne voulait pas revivre tout ça seule. Donc, elle accepta.
Chapitre 4 ◈ Evolution Dès son arrivée à Reiver, Aerin fut prise en charge par Winfred Dyer. On lui avait parlé d’une nouvelle recrue ayant des aptitudes particulières qui pourraient l’intéresser et qui seraient fortement utiles pour l’avant-poste. Quelques questions, tests et observations pour analyser et évaluer ses capacités et Winfred accepta de la prendre en tant qu’apprentie et de lui enseigner tout ce qu’il savait, dans l’espoir qu’elle devienne médecin les années à venir. Des bras en plus pour l’épauler ne seraient pas du luxe.
Ainsi débuta une toute nouvelle vie pour Aerin. Son temps était rythmé entre la théorie, la pratique avec Winfred et son partage d’informations sur l’extérieur avec les plus hauts gradés et les autres miliciens. Son intégration ne fut pas évidente, mais ce n’était pas le mode de vie de Reiver le problème, mais plutôt le fait de se réhabituer à faire partie d’un ensemble, d’un groupe, d’une communauté. Aerin repéra très vite ceux qui n’appréciaient pas les survivants, mais elle n’était pas du genre à se laisser impressionner. Elle en avait vu d’autres dehors et lorsqu’ils revenaient blessés, ils étaient bien contents qu’on soulage leurs souffrances et qu’on les soigne. Aerin avait encore beaucoup à apprendre, mais c’était une personne sérieuse, persévérante et travailleuse. Elle étudiait, recommençait et assimilait sans broncher. Lecture, écriture, médecine d’Hélion, technologie, faire le lien entre ce qu’elle avait appris et ce qu’elle savait aujourd’hui, etc. Elle finit par trouver sa place et à se faire un nom, méritant jour après jour de travailler aux côtés de Winfred.
Au bout de sept années passées à Reiver, Aerin ne se voit pas vivre ou travailler ailleurs. Elle est fidèle et loyale à ceux qui l’ont accueilli parmi eux, qui lui ont fait confiance et qui lui ont accordé une deuxième chance. Aucun des deux ne le regrette aujourd’hui.