À deux, c'est mieux - Yurven

À deux, c'est mieux
Dans ma tête je comptais les pas qui me séparent du campement posté à l'orée de la forêt. Ces ruines nous avaient interpellé à l'aller mais personne n'avait osé mener une expédition pour savoir ce qui s'y cachait. Ma curiosité battait à plates couture ma conscience du danger et ma peur. Cette dernière était pourtant bien présente. Je sentais mon cœur battre à mesure que j'approchais ces pauvres vestiges délabrés de l'ancien temps. Il ne restait plus rien. Quelques murs ébréchés, de la poussière sur dix centimètres d'épaisseur et cette odeur... Je portais ma main à ma bouche, tenant de l'autre mon arc. Le carquois que je portais à la ceinture ne contenait que cinq flèches. Assez peu pour attaquer, mais suffisamment pour me défendre le temps de prendre la fuite si on venait à s'en prendre à moi.

Pénétrant dans la ville fantomatiques où les immeubles ne faisaient plus que quatre mètres tout au plus, je laissai mes sens se mettre en alerte. Les étincelles de poussière que je faisais voler sous mes pas ne couvrirent pas bien longtemps ces bruits qui paraissaient m'entourer. Des bestioles se tenaient non loin dans une ruelle encore dessinée par les ruines. Ces charognards se repaissaient d'un cadavre humain. Horrifiée par cette vue, je sentis mon cœur bondir dans ma poitrine. Un sursaut m'éprit lorsque derrière moi, j'entendis des voix humaines. Rapidement, celles-ci se trouvèrent accompagnées de projectiles qui manquèrent de m'atteindre. Cela fit peur aux charognards qui, dans leur stupéfaction, se pressèrent de déguerpirent, me bousculant par la même occasion. Jurant, je me sentis tomber face à cette perte d'équilibre. Une nouvelle fois des projectiles furent lancés en ma direction. L'un me frappa de plein fouet à la poitrine. Je pestai d'un cri de douleur avant de voir une femme se cacher juste à côté de moi. Je la regardai, espérant pouvoir la rejoindre avant qu'une nouvelle salve ne soit envoyée.

Titre du RP

C’était pas la joie. Décarrer d’la clairière en quatrième braquet à cause d’une belle troupe de Zalann à trois plombes du mat’, on avait connu plus jouasse comme réveil, mais vu les crocs que s’tapent les bottes en devenir, quand y en avait plus d’une trentaine, valait mieux décamper sans traîner. Résultat des courses, j’étais claquée, toute seule au milieu d’un espèce de bled paumé et aussi classe qu’un tas d’gravats qui puait littéralement l’macchabée mur à point. Et v’la pas qu’à peine j’m’étais trouvée un coin tranquille à l’abri des r’gards (enfin, j’croyais, visiblement, les murs ont plus des mirettes que des escalopes…) où m’envoyer dans la niffle une dose de poussière de fée que j’ai maté sur ma droite : ça avait bougé.

J’avais pas déluné à c’point là...même pas l’temps de m’remplir le pif ! Non, c’était pas la berlue : y avait bien un truc qu’avait bougé derrière les gravats, un truc avec du poil sur l’cuir chevelu, une paire d’yeux, une paire de bras, et vue l’allure, probablement une paire de glaouis entre les cannes. Et pis une fronde aussi, vu qu’j’ai manqué d’peu d’me ramasser quelques caillasses dans l’citron, si j’avais pas r’culé les arpions avant d’manquer d’me vautrer sur un type qu’avait visiblement graillé plus que du gravillon dans la trogne, y a probablement plus d’deux ou trois piges vue l’allure. Et Clac ! Ca grêlait sévère derrière le pan d’mur, et ça m’aurait pas étonnée qu’y commencent à contourner l’obstacle…

Pas l’choix. J’ai choppé mon lance-dards du harnais dans mon dos et avec le pouce et l’index de la main libre une bastos os-plume, de c’lui qui m’passait entre les loches,pour foutre dedans, et deux autres, un entreb l’index et l’majeur, l’autre entre l’majeur et l’annulaireJ’me suis préparée au moment où y allait falloir sortir de ma planque pour s’manger l’canardage sec d’en face...Compte à lui r’bours : 3, 2, 1...Fallait tracer ! J’y ai sorti l’tube en bois direction d’là où partaient le gravelard destiné à m’cribler l’tiroir à saucisses, et vas y que j’t’en balance trois tirs avant d’plonger vers un genre de muret aussi pété qu’les os du machin qu’j’avais piétiné en m’foutant à l’abri d’une fontaine pas bien fonctionnelle, mais en tout cas, qui tenait d’bout. J’regardais à la ceinture. Sur l’carquois, j’risquais pas d’me servir d’mon arc plus d’trois fois, mais la sarbac’ était parée pour un siège. L’seul truc, si c’étaient pas trop des ganaches, c’est que j’pouvais pas tirer aussi loin qu’eux, mais l’coin jouait en ma faveur...Enfin, j’aurais pu dire en not’ faveur, vue la friandise qui s’planquait pas loin, si j’avais eu l’temps d’lui reluquer un peu la tire, ou même juste d’la voir, en fait.

- Bon, les pisseuses, va falloir qu’on s’calme ! J’ai pas d’thune, j’ai pas d’bouffe, et j’compte pas m’faire tringler aujourd’hui ! Par contre, j’peux vous rentrer des dards dans l’derche à volonté!, j’ai gueulé.

C’est dans ces moments là que j’regrettais d’avoir décarré toute seule, à six, on leur aurait pété les braques sans trop d’problème, mais à deux, ça d’venait un peu chaud. Enfin. C’est après avoir moufté qu’j’avais capté qu’elle était là qu’j’me suis dit ça. J’ui ai fait un signe de la calebasse en foutant un dard supplémentaire dans l’tube, et en lui préparant une p’tite place, prête à envoyer du tir de couverture. M’enfin, contrairement à eux, vue la quantité d’caillasse, j’étais pas prêt à tenir un siège non plus. A deux, on aurait p’têtre une idée pas trop con...et pis j’aurais qu’à sortir le schlass une fois qu’elle aurait ramené son boule, au cas où elle soit pas non plus une pote en puissance.

À deux, c'est mieux
« Bon, les pisseuses, va falloir qu’on s’calme ! J’ai pas d’thune, j’ai pas d’bouffe, et j’compte pas m’faire tringler aujourd’hui ! Par contre, j’peux vous rentrer des dards dans l’derche à volonté », gueula l'inconnue avec une rudesse qui m'agressa les oreilles. Qu'espérait-elle ? Qu'ils cessent leurs attaques et nous laissent partir par sa simple demande ? Elle n'était pas un peu inconsciente des choses celle-la ? Désespérée de quoi qu'elle représentait ma seule porte de sortie, je me ralliai à sa position. La jaugeant d'un regard inquiet, je pouvais au moins saluer sa prévenance. Ce qui me rassurait, c'est que je n'étais pas leur cible, elle semblait bien plus engagée dans cette altercation que je ne l'étais.

Bandant mon arc d'une flèche taillée, je restai à couvert encore un instant, laissant un moment à mon palpitant pour se calmer, reprendre mon sang froid et récupérer mes moyens. « Que veulent-ils ? C'est après toi qu'ils en ont ? » Demandai-je à la blonde aux yeux déterminés. Elle voulait leur en mettre dans la gueule, ça ne faisait aucun doute. Mais ils étaient mieux placés, nous ignorions quel était leur nombre et l'environnement était plus que propice à la dissimulation. Le nombre d'obstacle qui se trouvaient dans les parages était bien trop important ; pourquoi m'étais-je écoutée et m'étais-je aventurée dans ces ruines ? Sûrement parce que d'ordinaire, ce genre d'endroits étaient vides, déserts. Les rares ruines qu'il m'avait été donné de voir à la traversée du continent étaient soient d'anciens terrains d'affrontement, soit des camps bien trop gardés pour que l'on y pose un seul pied. Même si ces communautés n'étaient jamais grandes, cela suffisait à faire reculer le tout venant ou les groupes comme celui dont je faisais partie.

À deux, c'est mieux
« Que veulent-ils ? C'est après toi qu'ils en ont ? »
- Ils veulent juste nous caillasser la courge et nous laisser dans leur trou à merde avec une quarantaine d'abreuvoirs à mouche chacune! Alors, tu bouges ou t'attends d'manger d'la rocaille?

Pisseuse. Avec un arc, mais pisseuse quand même. J'veux dire, on s'faisait tirer comme des lapins, par des types qui s'planquaient dans la caillasse. C'était à c'moment là qu'j'aurais pas dit non à une grenade, mais c'était l'genre de trucs qu'y a qu'à Helion et Reiver qu'on trouvait ces merdes. Même pas la peine de penser à leur refaire le portrait, si y en avait cinquante,
c'était pas gagné, même avec des dards en rab'. Des options, y en avait plus bézette, et j'allais pas rester pinquée là à attendre une lapidation gratuite. Et v'la qu'elle se magnait l'dernche, au moins elle allait pas finir tout d'suite sur l'carreau. J'avais pas qu'ça à foutre, fallait que j'retrouve les autres hors de c'trou à rats qui puaient l'macchabée.J'avais pas dix plombes pour m'tripoter les tétards dans la caboche, la pluie d'caillasses v'nait d'recommencer sous un angle différent. Tant pis pour la fontaine, un mur écroulé f'rait l'affaire.

- J'ai quelques flèches en rab', mais y a pas vraiment l'temps d'pioncer, sauterelle...J'imagine que t'as pas d'plan non plus?

À deux, c'est mieux
Souffle et concentration repris, je plissai les sourcils face à la rustre inconnue. Je ne comprenais pas la moitié de ses dires mais n'en ressentais pas vraiment le besoin : il fallait dégager de là. S'ils ne lui en voulaient pas personnellement, alors aucune chance de me servir d'elle comme d'un sauf-conduit. Je me retournai et ciblai avec précision la première ombre mobile. Décochant une flèche habile, je fis vaciller un homme qui tomba de son perchoir comme une mouche qui aurait perdu ses ailes. Même si la flèche ne l'avait pas tué, la chute avait due sacrément l'amocher ; il ne nous ferait plus grand mal dans un tel état. Des projectiles se projetaient encore en notre direction. Bouger était notre seule solution pour augmenter le sursit : je suivis la blonde mal dégrossie jusqu'à un reste de mur. Sur cette nouvelle position, je bandai mon arc mais restai bien trop longtemps écrêtée pour parvenir à plancher la flèche dans une cible. Je me cachai à nouveau derrière le muret, pestant d'avoir été éraflée par l'une de leurs caillasses. « J'ai quelques flèches en rab', mais y a pas vraiment l'temps d'pioncer, sauterelle... J'imagine que t'as pas d'plan non plus ? » Sauterelle ? Pas le temps de faire dans le détail, je ne fis pas attention à son appellation. « J'ai plus que quatre flèches, je pourrais pas faire grand chose. Et j'ai bien peur que tes stocks ne suffisent pas non plus... » Soulignai-je l'évidence. « On peut toujours tenter de trouver de quoi se protéger : une planche de bois épais, des bouts de taules, n’importe quoi qui nous permettrait de bouger tout en nous protégeant... » Je laissai mes yeux scruter les environs à la recherche de matériaux pouvant nous servir de bouclier. Même si c'était gros, à deux on pourrait sûrement le porter. « J'vois rien d'autre pour nous sortir de là... Si leur but c'est juste de nous crever, je vois difficilement comment on pourrait marchander notre vie. » La plupart des malfrats à qui j'avais pu avoir à faire cherchaient toujours quelque chose lorsqu'ils s'en prenaient à nous : vivres, refuge, etc. Mais si le but de ceux-ci était juste de nous tuer pour nous bouffer ou que sais-je encore, on était bien dans la merde car rien à part notre mort ne les intéresserait.

☛ Sujet: Re: À deux, c'est mieux - Yurven Ven 12 Jan 2018 - 9:17

À deux, c'est mieux- Parc'que toi tu marchandes avec des types comme ça? Y a une espèce de vieille supérette encore debout, au sud, si on arrive à y tracer, on pourra s'retrancher là bas, ce s'ra plus facile à défendre qu'un espace à ciel ouvert. Pour l'abri, c'est pas gagné pour l'moment, y a que dalle ici... mais on trouv'ra p't'être ça en bougeant. T'as un meilleur plan?

C'était pas l'envie d'casser des culs qui manquait, mais 'fallait r'connaître qu'on allait rapid'ment être à court de pointes à leur carrer dans l'tiroir à saucisses. M'enfin, là, y commençaient à m'taper sur l'système! Mais moi, les dingues, je les soigne. J'vais leur faire une ordonnance, et une sévère…J'vais leur montrer, moi, qui c'est, Yura! Aux quatre coins de leur bled pourri qu'on va les retrouver, éparpillés par petits bouts, façon puzzle! Moi, quand on m'en fait trop, je correctionne plus : je dynamite, je disperse, je ventile Et si y faut ventiler d'la caillasse, ce s'ra à coups d'pavelard dans la courge qu'ils se f'ront accueillir! M'enfin, pour l'moment, c'était nous, les perdrix, et c'était pas peu dire qu'considérer qu'on risquait sévère de s'ramasser d'la gifle en macadame aéroporté. Alors bon, qu'est-c'que j'fais? Logique, j'me baisse, j'ramasse une caillasse, j'desserre la ceinture, et j'range la sarbacane en armant la caillasse dans la lanière de cuir. Pas qu'ça à foutre que d'lacher tous mes dards sur ces types : une fronde maison, ça fait l'boulot, aussi! Pis avant la sarbacane, c'était comme ça qu'on s'am'nait les piafs du ciel à l'assiette, y avait plus qu'à espérer qu'le geste r'vienne avant d'me manger une patate minérale dans les ratiches...

-...C'est calme où j'rêve?, qu'j'ai dit en entendant plus un bruit d'puis les murs d'où qu'on s'faisait piloner. J'ai sorti la paluche de l'abri. Pas un bruit, que dalle, pas un boulard en bitume pour venir m'péter les doigts. Ca pue. Faut qu'on s'arrache, et vite!

☛ Sujet: Re: À deux, c'est mieux - Yurven Ven 12 Jan 2018 - 14:18

À deux, c'est mieux
Aucun meilleur plan. Aucun autre plan tout court à vrai dire... Se planquer dans un lieu clos me paraissait stupide et suicidaire vu notre arsenal limité, ça n'annonçait rien de bon. Si, on gagnait quelques minutes de vie, de quoi faire le compte des bonnes et des mauvaises expériences, une rétrospective sur ce qu'on aurait pu faire, ce qu'on aurait dû faire et toutes les choses que l'on a hésité à faire. Une pensée pour les gens qu'on laissait derrière-nous et toutes ces conneries de type à l'article de la mort... Ce n'était cependant pas mon objectif : je ne voulais pas qu'on s'avoue vaincues. Ne manquant pas de vaillance, je tenterai de me battre jusqu'au bout !

La blonde mal dégrossie s'improvisa une nouvelle arme dont je doutais de l'efficacité : la portée et la rigidité n'allaient pas mener ce bout de caillou bien loin... Mais quelque chose l'intrigue et attire également mon attention : plus rien. Plus un bruit. Quelques légères brises de vent qui faisaient bouger une toile accrochée à une armature métallique et sinon : rien. Le seul mouvement que l'on percevait était celui de la poussière qui virevoltait au gré des courants d'air. Inquiétée par cette accalmie, l'intrépide étrangère annonça que nous devions bouger. C'était en effet le moment parfait pour décarrer à vitesse grand V. En espérant que ce n'était pas là un subterfuge pour nous pousser à sortir de notre planque... Quoi que s'ils y tenaient tant que ça, à nous déloger, ils auraient pu envoyer un ou deux mecs nous prendre à revers. Je visualisais au loin l'enclave dans laquelle elle voulait nous conduire. L'endroit paraissait vide mais au moins il y avait quatre murs et un toit. Une ouverture béante nous permettrait de rester à l'abri et d'éviter leurs tirs. Observant par-delà le muret un court instant, je lui tapotai sur l'épaule pour annoncer le top départ vers notre nouvelle planque. Toujours pas persuadée que ce soit une bonne idée, je décelais toutefois depuis notre position qu'au sol se trouvaient des bricoles. S'il y avait des barres de fer ou tout autre matériel pouvant faire office d'arme, ce serait parfait !