HistoireIl n’y avait pas de meilleure destinée possible. Pas de chances plus belles envisagées.
Oui, je venais de naître.
Et pas dans n’importe quelle contrée non ! Je venais de naître au sein de l’une des familles les plus respectée d’Hélion, les Wicklow.
Une fessée bien mérité, un premier cri, et voilà que je venais d’entamer ma première respiration dans le creux du sein de ma mère Sana. Vous dire que je me rappelle de ce jour serait mentir. Mais apparemment, c’était un jour aimant semble-t-il ?
Je passai donc mes premières années au sein de la station d’Hélion. Fille d’un père haut placé dans un monde remplis de dictât, et d’une mère préceptrice pour enfants aisés, je ne manquai de rien. Enfance paisible, j’étais pourtant bien loin de ressembler aux filles de mon âge. Et encore moins de l’image que se faisait ma mère de moi.
Durant les premières années à l’endroit qui nous servait de dispensaire, j’appréciais d’y aller, c’était amusant de jouer avec pleins de petits camarades et de faire la sieste l’après-midi. Et puis.. L'uniforme était joli. Mais c'était les gardes qui avaient peur de me voir arriver. En effet, dès qu'ils affirmaient quelque chose, je cherchais toujours à en connaître la raison. Pourquoi le 2 suivait le 1 et pas le 4 ? Pourquoi est-ce que le gérant n'avait pas mis sa belle cravate rouge aujourd'hui... et ainsi de suite jusqu'à ce que les grands messieurs n'en puissent plus et m'envoie en corvée pour me faire taire.
Cet endroit n'avait rien de bien envieux pour des enfants. On apprenait pas à lire. Ni même à écrire. L’éveil n'était pas là tout court à vrai dire...Mais ma joie constante et mon envie à m'amuser de tout et de rien faisait que je voyais cet endroit comme un moyen d'être loin de mes parents bien trop oppressant sur ma petite personne.
Je me rappelle encore d'ailleurs...Avec mes camarades, j’inventais des tas et des tas de jeux que je dirigeais avec des airs de mini dictateur. De loin, j’étais très mignonne à observer. Il m’arrivait aussi de répéter des histoires que mon père m’avait racontées. Comme celle du fantôme de la cave, ou encore de la sorcière du placard, m'amusant à leur faire peur. Surtout aux filles d’ailleurs ! Les garçons en revanche jouaient les durs et du coup, j’adorais essayer de les faire plier dans leurs jeux. Chose qui me permit d’acquérir une force au combat très jeune.
Durant l’adolescence, tout se chamboula pourtant. Et les problèmes commencèrent. En effet, c’est le début de la compréhension. De la logique. De la raison. Plus le temps passait, plus j’arrivais à voir les problèmes incohérent de cette station…Du monde qui nous entourait et surtout de cet "extérieur" qui semblait horriblement en peine à côté de nous qui étions logés, nourris et blanchis.
Une raison qui me poussa à aller à l’encontre de ce que mes parents espéraient de moi. Oui il voulait que je finisse mes jours avec un homme du niveau 3. Que je me la coule douce en étant la gentille femme qui n’embête personne…Mais au final…J’avais juste envie de les fuir. De ne plus jamais avoir affaire à leur façon de pensée qui était bien trop loin de la mienne. Ils se voilaient la face et ne voyaient pas la peine qu’entourait le monde environnant, alors que moi justement…Je ne voyais que ça.
Et c’est ainsi et à l’âge de mes 13ans, que j’entrai dans la milice d’Helion. Passant les 10 premières années de jeune recrue, à milicienne...puis Sergent, j’étais devenue la parfaite représentante du corps d’armée.
Toujours première aux entraînements, de fière allure avec un joie de vivre constante de servir les plus démunis, je vécus des années paisible et heureuses. Beaucoup de gens m’aimait dans cette station. Ils m’aimaient pour ma joie de vivre, mais également pour mon sens de la loi qui se voulait toujours juste et droit.
Tout était parfait ! Je me rappelle même de ce temps. Ce temps où j’avais rencontré Elias… Oui cet homme pour lequel j’avais sympathisé dès ma plus tendre enfance. Tel un frère d’arme, un confident, mais également un amant, nous étions devenus au fils du temps et des jours, un couple. Nous étions heureux…Mais la loi nous interdisant de nous unir et avoir cette relation suite à un travail commun, nous avions tut cette information durant de longues années…Jusqu’à ce terrible jour. Le jour où j’appris que je n’étais pas stérile.
Qu’il est difficile de cacher un amour n’est-ce pas ? Mais un enfant …. Bien que les 5 premiers mois fussent rudes, nous avions réussi à cacher cette interdiction aux yeux de tous, ce fut lors d’un passage inopiné d’une recrue dans le vestiaire alors que je me préparais à partir en mission…Que la suite logique des choses suivit…Oui il avait vu mon ventre…Et oui bien sur…il n’allait pas cracher sur une promotion pour me balancer. Un écart de conduite, qui aura sceller mon destin à jamais.
- Saisissez-vous d’elle…Et qu’on l’enferme en détention jusqu’à l’heure de son jugement. ET TROUVEZ-MOI ELIAS ! Retrouvez-le de suite et amenez le sur la place publique c’est un ordre !Il ne fallut que 2minutes. 2 minutes simple pour sortir de ce vestiaire…Et ainsi me retrouver à l’égal de ces prisionniers. Drole plutôt non ? Un poil énervant ? Oui aussi. Ce n’est pas comme si j’allais retrouver les cellules que je regardais tant d’un aspect neutre et ailleurs lors de mes rondes autrefois. Au moins cette fois…J’allais avoir le temps d’analyser chaque parcelle de mur.
Je fus enfermée pendant plusieurs semaines. Me faisant interrogée et violentée comme une vulgaire moins que rien. Après plusieurs années de long et loyaux service, voilà que j’étais devenu l’égal de ces rebelles dangereux et très nocifs pour l’ordre d’Hélion… En l’espace de seulement quelques semaines, mon rire disparut. Ma joie de vivre et ma bienveillance prirent le large également, pour laisser place à la femme que je suis aujourd’hui. Une femme forte, dure et brisée par ce monde. Une femme enragée par la disparition de son homme Elias, qui aura été exécuté sur la place publique en guise d’exemple.
Plusieurs jours plus tard…Et plus précisément, le jour de mon accouchement, mon jugement tomba.
-Erin Wicklow, fille de Sana et Rick Wicklow, je vous condamne à perpétuité à l’exil. Votre enfant sera gardé à Hélion, n’étant pas fautif de vos agissements.
Une entrée ou tentative de retour sera punis par la mort….Un jugement que personne n’aurait envié. Pire que la mort, je venais de subir l’exil. Afin de montrer la leçon où j’en sais trop rien…
Je me souviendrai à jamais de ces paroles prononcées le long de la table d’opération lorsque mon bébé me fut arraché des mains… Des cris, des larmes, la peur… Et puis…Le néant.
Je vis des personnes rentrer dans la salle d’accouchement. Des hommes munis d’un énorme fer de marquage… Agenouillée au sol, retenu par une main sur ma crinière, je sentis un coup de fer rouge dans le dos. Un coup de fer qui raya à jamais mes possibilités d’entrée à Helion.
Et c’est ainsi que…Quelques heures plutôt tard, je me retrouvai dehors, jetée en pleine tempête de sable au milieu du Désert Ardeus, avec comme simple affaire : une tunique en lain, et un pistolet avec 10 munitions, qu’une ancienne collègue me donna par pitié...Dans l’espoir que je survive…
Et bien évidemment mes larmes et mes cris étouffés par l’enlèvement de ma fille et par cette douleur infernale dans le dos.
5 années passèrent. De simple soldate exilée, je devins survivante. Chassant ce que je pouvais munis de mes deux kukris à la taille, j’appris à ne plus avoir confiance. Ne vivant que par moi-même et loin des lois, les années m’auront bien endurcis aussi bien physiquement que psychologiquement. L’humain est à chier. Et moi je ne pactise pas avec la merde… Mon gagne-pain, c’est moi et moi seul qui pourra l’avoir. Et un jour peut être…Je réussirais à retrouver mon enfant. Ma fille.
Maintenant contrebandière, je gagne mon pain et mon assiette en revendant au plus offrant des objets trouvés sur la route…Ou dans la poche des plus imbéciles ayant croisé mon chemin…
La solitude étant pesante, j’ai souvent été accompagnée de jeunes esclaves.
Et c’est d’ailleurs que très peu, qu’une nouvelle suivit mon chemin suite à la mort brutale de la précédente....Qui avait volé dans mes affaires….
17…Je venais de t’accueillir…Et maintenant nous marchions ensemble. Dans le désert Ardéus.
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