{Nadveen} - Décembre 2481 - Reprendre sa vie dans la survie

Décembre 2481 - Reprendre sa vie dans la survie

Depuis le début, vivre n'est pas vraiment une option, survivre est la norme, et cet hiver volcanique n'a aidé en rien. Il a catalysé les rancoeurs, faisant en sorte que la violence soit toujours plus présente dans les rangs de ceux qu'on appelle les outsiders. J'en fais partie avec mon clan, celui du Sillon et nous essayons de nous remettre sur les rails tant bien que mal. Les quelques vivres que nous avons pu rapporter d'Hélion nous ont bien servis, il faut se l'avouer, même si la plupart ont été repris par Steros. Mais il en est ainsi, nous n'étions pas prévus dans leur plan de base n'ayant aucun approche à l'intérieur du dôme comme ces quelques personnes qui nous ont permis de nous infiltrer pour aller plus loin et récupérer ces graines précieuses. Mais le Sillon n'est pas forcément au mieux, et je fais mon possible pour que notre survie soit la plus agréable possible. Ma petite soeur est là, et nous tentons de communiquer de notre mieux. Les dernières semaines ont été pleines de promesses, je ne veux pas qu'il lui arrive malheur même si elle ne se sent pas forcément très à l'aise dans le Clan, ne pouvant parler, cela lui est difficile, je le sais j'en ai conscience, mais je fais ce que je peux pour faire l’interprète et agir pour son bien, à elle, mais aussi à celui des autres. Une nouvelle année est sur le point de se terminer, et la routine s'est néanmoins plutôt bien installée à nouveau, la recherche de vivres, de nourritures et d'eau étant les principales occupations du petit clan. Nous ne sommes pas nombreux, je ne sais toujours pas ce qu'il a pu advenir de Jinx. Est ce qu'il a seulement survécu à cet hiver volcanique ? Je n'en sais strictement rien, peut être qu'il est mort de froid et de solitude quelques parts, non loin d'ici, qui sait ? En tout cas, aujourd'hui, c'est moi qui veille sur notre campement, les autres étant partie à la chasse, à la pèche, tout ce qu'il faut pour rapporter des vivres, lorsqu'au loin, je crois voir une silhouette familière.

Décembre 2481 - Reprendre sa vie dans la survie


Au fil de ses pas, toute notion de temps à disparu pour l’ancien bâtisseur. Quel jour sommes nous ? Aucune idée... A quelle période ? Sans doute à l’aube d’un énième vague hiver, mais il n’est pas certain. Son seul indicateur est l’usure de ses souliers en peau, presque complètement tannée par sa traque incessante. Ironiquement, la vie le ramène vers un de ses clans, tout au nord du continent exploré. S’il ignore tout du jour qu’il est, il sait qu’au delà de ses collines se trouve le Sillon, petit joyaux perdu dans le désert. C’est grand de le qualifier ainsi, le clan n’est rien d’autre qu’un amas de tentes et de bâtisses rafistolées autour d’une petite place minimaliste. Mais dans l’environnement du monde, il n’en reste pas moins un joyaux posé là.

Nadzim évolue seul depuis des mois et, épuisé, se retranche péniblement vers un lieu qui lui avait autrefois apporté un peu de repos. Marcher ainsi, le dos voûté et la mine grise, dans ces traces qu’il avait suivit un an auparavant, l’accable encore un peu plus. Vieux cheval n’est plus et son fils a disparu, purement et simplement. Lorsqu’il était enfin sorti du dôme après l’incursion menée par Steros, il n’avait trouvé aucune trace du campement. C’était normal, le groupe avait dû partir avant que la milice ne fasse une nouvelle ronde, et Ness n’avait pu fuir que bien plus tard. Alors il avait remonté la lande jusqu’à Steros, espérant y retrouver Zed choyant son fils. Ou Slown, voire Hécate. Mais il n’en était rien. Il était arrivé en pleine période de renouveau pour Steros, il fallait tout remettre en place, alors on n’y alla pas avec des pincettes : Elias avait disparut, tout simplement. D’après les femmes présentes au camps, il dormait sagement, et quand elles étaient revenues, il n’était plus là. Oh, bien sûr qu’elle avait fait un tour à sa recherche, mais toutes étaient revenues bredouilles. Nadzim avait quitté Steros la haine collée à la peau. Féroce et singulière, frappé d’avoir perdu la chair de sa chair pour des gens tout juste à même de lui offrir l’hospitalité le temps de s’en remettre. Alors il était parti, quittant Slown sans véritable bienveillance, bien déterminé à retrouver son fils. Mais ses recherches furent vaines. Seul, explorer ses terres, c’est comme chercher une goutte d’eau dans la mer. En plusieurs mois de traque, il avait croisé grand nombre d’outsiders, plus ou moins soucieux de sa quête mais aucun n’avait d’information. Pourtant, un jeune enfant dans le coin, c’était remarquable. Quand on le croisait, on s’en souvenait, c’était si rare … C’est ainsi, qu’épuisé moralement et physiquement, il finit par baisser les bras et retourner à sa dernière maison : le Sillon.

Le chemin disparu sous ses pieds pour laisser place à une vaste terre sableuse, aride et poussiéreuse. L’allée était très large pour arriver jusqu’au clan, cerné par les vestiges d’une civilisation disparue. Peu de gens s’agitaient dans le coin quand il passe les premières habitations, se dirigeant d’un pas las vers le centre du clan. Se tient là une personne à l’allure familière : Naveen. Depuis le départ de Jinx, elle a repris les rênes du Sillon et à vue de nez, cela fonctionne assez bien. “Bonjour Naveen, salue Nadzim en parvenant à sa hauteur. Elle n’a pas changé, si ce n’est ses traits, un peu plus fin peut être. L’homme se laisse choir sur un rondin de bois faisant office de siège et largue son paquetage au sol, soulevant un nuage de poussière.

Décembre 2481 - Reprendre sa vie dans la survie

Pour une personne seule, cet hiver volcanique a pu être fatal, j'en ai pleinement conscience et le Sillon n'a peut être survécu que parce que j'ai eu la présence d'esprit d'aller en direction de Steros avec les autres avant de bifurquer finalement vers ce dôme : Hélion. Je n'avais encore jamais mis les pieds à l'intérieur, mais c'était à présent chose faites avec d'autres. Nous avions réussi à récupérer ce pour quoi nous étions venus et aussitôt nous étions repartis. La rébellion sous le dôme était active, et peut être qu'un jour parviendra jusqu'à nos oreilles qu'il est tombé de l'intérieur, je ne saurais dire, cela me semble possible, plausible devrais-je dire. Mais c'était un peu le cadet de mes soucis. Ce qui comptait le plus pour moi était ma propre survie et celle des gens qui m'accompagnaient au Sillon, ma soeur et quelques âmes avec qui je m'entendais bien. Depuis le départ de Jinx j'étais devenue leur leader naturel et même si je n'avais pas la carrure de Calist, je faisais de mon mieux pour que nous puissions survivre à défaut de véritable vivre une vie confortable. Mais c'était tout ce que j'avais connu et finalement, je n'avais pas envie d'en changer, pour rien au monde même devrais-je dire. C'est alors que je ne fus pas tellement surprise de voir au loin une silhouette familière, pas celle de Jinx, non, mais celle de Nadzim qui avait fait partie de l'aventure sous le dôme et qui depuis notre sortie était en quête de son fils disparu. Si j'en croyais mes yeux, il ne l'avait malheureusement pas retrouvé, ce qui m'attristait, mais il ne devait pas abandonné, jamais il ne le faut. Même si je la pensais perdue, j'avais ainsi pu retrouver ma soeur après trop d'années perdues, il en serait peut être de même pour lui, même s'il n'y a pas de miracles à chaque coin de clan malheureusement, mais je lui souriais, pas d'un sourire franc et massif, mais d'un sourire que je qualifierais de bienveillant, comme pour lui dire : " Bon retour à la maison " car ici, c'était un peu chez lui même s'il était parfaitement libre d'agir comme il le désirait bien entendu. Il semblait fatigué, sans doute n'avait-il pas cessé de marcher ou presque depuis trop longtemps.

" Bon retour Nadzim. "

Simple mais que dire d'autres dans l'instant ? Il n'y avait rien à dire alors je rentrais un instant dans ma tente pour en sortir une bouteille d'eau fraîche que je lui tendais.

" Je ne sais pas vraiment d'où tu viens et s'il te reste encore quelques choses à boire ou à manger, mais je pense que cette eau fraîche te fera du bien. "

Cela sonnait comme une évidence, mais c'était aussi le signe qu'il était réellement le bienvenue par ici, sans que je ne m'y oppose. Il n'en serait pas de même si jamais Jinx devait repointer le bout de son nez car il avait décidé de nous abandonner lâchement sans rien dire à personne alors que pour le barbu, tout cela n'était pas la même chose.

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La planète souffre et les populations en pâtissent pourtant, rentrer au Sillon offre un peu de réconfort au vagabond solitaire. Nadzim avait pour habitude de voyager avec son fils et leur vieux cheval mais depuis l’hiver volcanique et le regroupement direction Hélion, plus rien n’est comme avant. L’enfant s’est volatilisé et le vieux cheval a du servir de repas pour le groupe au retour de l’incursion. Retrouver le clan qui l’a accueilli avec son fils ne fait pas remonter de douloureux souvenirs, bien au contraire. Croiser les regards de gens connus et plutôt bienveillant est une source de réconfort pure et simple.

S’agrippant au renouveau proposé par la terre, les membres du clan remontent doucement la pente et s’activent à leur poste pour que la communauté n’agonise pas. Sous les ordres de Naveen, une cheffe intelligente et humaine, rien ne semble impossible. Les deux êtres échangent de banales salutations, Ness soufflant un coup, épuisé par sa marche et son moral en miette. Naveen s’éloigne un instant afin de lui ramener un peu d’eau. Il regarde son paquetage recouvert de poussière donc le ventre est maigre tellement il n’y a plus rien à l’intérieur. “ " Je ne sais pas vraiment d'où tu viens et s'il te reste encore quelques choses à boire ou à manger, mais je pense que cette eau fraîche te fera du bien. "  ” Levant le bras, il accueille la bouteille avec un léger mais franc sourire. Cette femme a la bonté de ne jamais renier ses gens et de toujours les retrouver avec une hospitalité sans faille. A sa première arrivée, guidée avec un chasseur hors pair, elle s’était déjà montrée sympathique malgré une distance salutaire.

Toujours le séant sur un banc de fortune, Nadzim engloutit la moitié de la bouteille d’une traite, enfin conscient de sa déshydratation latente. S’essuyant le menton d’un revers de coude, il soupire. “Merci, je n’avais plus grand chose en stock …” dit-il en poussant du pied son sac à dos quasiment vide. “Depuis mon rapide passage à Steros après avoir réussi à quitter Hélion, je cherche Elias. Je ne comprend toujours pas comment il a pu disparaître sous la surveillance de tant de monde.” La colère et une once d’amertume teintent sa voix, tressaillant lorsqu’il repense à son fils. Il aurait a eu deux ans récemment et les deux derniers membres de cette famille n’étaient même pas réunis pour l’occasion. Tout ça à cause d’un cumul d’emmerde, à commencer par la rencontre fortuite d’une agent de surveillance à Hélion. Bien qu’il ait pu sortir du dôme, c’était trop tard pour que le campement mené par Steros l’ait attendu. Alors il avait marché direction l’ouest, courant parfois, priant pour retrouver le groupe et son fils sain et sauf. C’est finalement arrivé à Steros avec près d’une semaine de retard que Nadzim avait appris qu’Elias s’était volatilisé sans que personne ne puisse expliquer comment. Au départ il avait été persuadé qu’il était mort et qu’on ne voulait pas lui dire, mais Zed et Slown avaient réussi à le convaincre qu’il n’était rien. Elias avait disparut, point.

Rentrer au Sillon après des mois de recherches vaines sonne le glas d’un échec douloureux, mais au fond de lui, Nadzim en est convaincu : son fils est là, quelque part.

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La vie n'est pas simple, c'est une évidence que voici, je le savais mieux que personne, et celui qui venait à présent de revenir parmi les siens aussi, il le savait très bien. Ce passage sous le dôme n'avait pas fondamentalement changé la donne pour autant. Mais nous vivons, dehors, comme nous pouvons, tant bien que mal, un peu mieux depuis notre retour par ici. Cependant, je suis surprise de le voir seul. Quid de son fils ? Je préfère ne pas poser la question, je ne veux pas lui faire remonter de mauvais souvenirs, car lorsque nous étions en route pour Steros, puis Hélion, il était là, avec lui, mais depuis je ne saurais dire. De toute évidence n'était plus le cas, et j'en étais fort confuse pour lui. Quoiqu'il en soit, je lui offre un peu d'eau alors qu'il semble lessivé, au bout du rouleau presque. Il a cependant fait le bon choix, celui de revenir ici, dans un petit cocon qui est prêt à l'accueillir comme si finalement, il n'était jamais vraiment parti. Il semble apprécier le geste, il faut dire que son sac poussiéreux semble bien trop vide. Et effectivement, il boit une grand quantité d'eau, me confirmant qu'il ne lui restait plus grand chose, heureusement pour lui, il est à présent arrivé à bon port, ici, chez lui ou presque. Et finalement, il me confirme ce que je craignais même si l'espoir n'est pas du tout perdu. Il ne comprends pas comment il a pu disparaître mais c'est ça justement le truc. Il y avait beaucoup de monde, alors un petit gars comme lui a pu facilement se faire la mâle, ou alors il a suivi un autre groupe, pensant que son père était là, ou alors il a été kidnappé. Il y a de nombreuses possibilités, et la mort fait partie de celle-ci, mais je n'y pense pas, car j'ai toujours espoir, comme ce qui est arrivé à ma soeur et moi. Il retrouvera son fils, j'espère pour lui dans de meilleurs délais que pour mon cas.

" Je suis désolé pour ton fils, je pensais qu'il avait suivi le groupe principal. Peut être qu'il en a suivi un autre cela dit ? Mais rassure-toi, dès que tu te seras reposé un peu, nous partirons à sa recherche, d'accord ? Tu as déjà cherché à beaucoup d'endroits ? "

Même si cela n'était pas forcément significatif, car entre temps, son fils avait pu se montrer là où il avait déjà cherché auparavant. Notre condition forçait à survivre, mais si l'un de nous était perdu, alors nous partirions à sa recherche. Même si Elias n'en avait pas pleinement conscience, il faisait parti du Sillon, alors comme un membre à part entière, il devait nous retrouver, enfin en l'occurrence, nous devions le retrouver car il ne pouvait pas être mort, il avait simplement été recueilli par d'autres que son père. Je posais ma main sur son épaule, le regard ferme mais rempli d'espoir, car le jour où l'espoir disparaîtra, je ne donne pas cher de nos vies.