Helion - Corvo Falconi, plus respecté que respectable...

Anecdotes

◈ Corvo est un collectionneur compulsif d'objets d'avant 2100, incluant les objets de la vie de tous les jours comme les oeuvres d'art, exposant à ses seuls yeux ses trouvailles dans un local à l'abri des regards qu'il considère comme sa galerie personnelle, tirant une fierté certaine de ses "tresors".

◈ Afin d'appuyer sa légitimité dans les hautes sphères d'Helion, il a adopté le nom de famille de sa mère, abandonnant le nom de son père biologique : Sicaere. Un nom tombé dans l'oubli et qu'il compte bien conserver à sa juste place: sur la liste des décès d'Helion.

◈ Corvo s’appuie toujours sur une canne en bois noir au pommeau de métal orné d’une tête de rapace, prétextant des articulations fragiles et un dos subissant les affres de son âge. En réalité, celle-ci cache une petite lame une fois le pommeau dévissé, et il ne se sert de ce pretexte que pour pouvoir conserver l’arme sur lui, tout en jouant sur l’apparence classieuse qu’il tient à donner.
◈ Il n’est pas le fils biologique du mari de sa mère, mais le fruit d’une coucherie forcée entre sa mère, des hautes-sphères d’Helion, et d’un passeur avec qui il a vécu jusqu’à ses 15 ans, au remariage de sa mère avec un des intendants, conservant les contacts acquis dans ses deux jeunesses : la première étant restée cachée aux yeux de bien des gens, surtout dans les hautes-sphères. En reprenant la garde de son fils, la mère s’était abrogée les services d’un « contact » au sein de l’Observatoire pour faire remplacer la puce de son fils sous prétexte d’une défaillance technique et modifier l’historique de celle qu’il porte et effacer toute trace de sa vie dans les strates inférieures.

◈ Soupçonné à quatre reprises de frauder aux contrôles de fonds, jamais ses opposants n’ont su démontrer qu’il était réellement hors-la-loi : il met un point d’honneur à contrôler tout transfert de fonds, entrant ou sortant, qu’il s’agisse de ses comptes personnels ou des comptes de ses différentes affaires, qu’elles soient légales ou non.

◈ Il nourrit une soif inextinguible pour les jeux tactiques, et tout particulièrement pour le backgammon, jeu auquel s’adonnait son père biologique.

Histoire





Je suis né. Des entrailles brûlantes d’une mère infidèle, je suis né, bâtard, mais déjà fier, bras brandi vers les cieux, tonnant de tout mon souffle le cri d’une souffrance passagère : la souffrance qu’est  la vie. Libéré de ce ventre, de ces chairs que la honte flétrît alors et que le feu a aujourd’hui rongées pour n’en laisser que cendres, j’ai vécu. Vécu parmi les miens : les bâtards, les invisibles enfants des gens invisibles. J’aurais pu, sans doute, y apprendre la foi, la solidarité, le fatalisme qui anime ces êtres faibles...autant de prétendues vertus qui n’apportent qu’une vie misérable au sein d’un  peuple misérable. J’aurais pu. Mais la chance était un facteur important en toutes situations, d’où que l’on vienne : il en fallait. Et j’en avais. La chance d’avoir un père hargneux, hargneux contre les puissants, contre le monde, contre le dôme. Hargneux  contre la vie qu’il menait. Un père sévère , qui vivait chaque jour comme si c’était le dernier en essayant de s’assurer une vie et une fin digne en adressant son bras d’honneur le plus parfait à la morale et à la loi.

Ses contacts ? Mes contacts. Ses affaires ? Mes affaires. Sa mort ? Mon œuvre. Il vient parfois le temps où l’apprenti dépasse le maître, un temps où la jeunesse innove, où la vieillesse doit laisser la main. Parfois, ce temps n’arrivait pas. Mais pour lui, il était venu. Et le père  partit comme l’enfant était arrivé : dans la douleur et la culpabilité. Alors l’enfance avait cessé, et il était temps de reprendre ce qui m’était dû : une place digne de celui que j’étais. Pendant deux ans, le travail n’a jamais manqué une seconde : je comptais les médaillons, pas les heures de travail. Celui qui agissait bien était récompensé. Celui qui faisait défaut subissait le sort des traîtres et des faibles. Elle était finie, l’époque des rapines et des petits trafics, de la petite bande, du chef, et des autres. Il fallait réorganiser, coordonner...agir. Agir vite et bien. Frapper. Vite et fort. Repartir. Vite et sans un bruit.

Vite, toujours plus vite, pour ne pas perdre le moindre instant de cette vie éphémère. C’est amusant, quand on y pense : l’homme, pour s’accomplir, doit vivre vite, s’il veut faire plus. Mais vivre est une souffrance où, enchaîné au monde, à ses malheurs, à ses douleurs, l’homme se complaît à rester le plus longtemps possible. Vivre vite, et vivre vieux. Les voilà, les aspirations du peuple. Rallonger la souffrance pour mieux faire souffrir les autres. Etrange animal que l’homme, mais ô combien fascinant. Il a peur de mourir et il a peur de vivre. Il veut vivre chaque instant comme s’il s’agissait du dernier, mais lorsque l’ultime seconde de sa vie survient, il comprend qu’il était déjà mort depuis longtemps. Et pourtant, il veut vivre. Alors il vit plus vite. Une lubie masochiste de ceux qui veulent laisser leur trace. Car il n’y a dans le monde que deux  types d’êtres humains. Ceux qui veulent laisser leur empreinte, et ceux qui vont le faire. Je n’appartiens pas à cette première catégorie.

Alors je suis remonté des profondeurs, comme un corps pourrissant remonte à la surface du lac dans lequel il fut jeté pour regarder de nouveau le ciel, et j’ai vu la lumière d’un jour nouveau entre les bras d’une traînée qui m’appelait « mon fils ». Mais qui donc pouvait me reprocher à moi d’être un enfant de putain ? Certains ont bien essayé, et dans les hautes sphères, inutile d’escompter pouvoir se débarasser des gens comme cela se faisait en bas. « En bas ». Au fond du trou. Dans les entrailles du dôme. Je naissais de nouveau, alors à nouveau, il me faudrait apprendre, et j’ai appris. Que savais-je faire ? Convaincre et compter. Alors je compterais. Cinq ans d’apprentissage acharné, à créer des liens, entretenir des relations. Arachnoïde à quatre pattes et deux yeux, je tissais une toile impalpable d’où aucune proie ne pourrait s’échapper sans jamais cesser de garder un œil rivé vers les étages inférieurs qu’une partie de moi n’a jamais su quitter. Les affaires continuaient, en bas, et se développaient, en haut. La tête aux cieux, les bras au sol.

Après cinq ans sur les bancs classieux des cours particuliers, j’étais payé à compter. Je ne crois pas avoir passé, en cinq ans, plus de quatre mois auprès de ma génitrice, et à vrai dire, je m’en contrefiche : j’avais dépassé depuis longtemps le stade où l’humain, comme tout animal, a besoin de sa mère. Je m’étais sevré seul. Un homme me facilité grandement les choses, à l’époque où, comme un forcené, je comptais jusqu’à l’épuisement, alignais les chiffres, calculais les taux et refusais toute aide. Je m’étais fait seul. Je ne voulais pas des autres. Et pourtant, il était une personne qui me tendit la main en ne me demandant qu’une chose : être son alter-égo dans l’ombre.

Le secrétaire du conseiller Hassan Yeild avait de par son poste un pouvoir que bien peu soupçonnaient, dans un monde où la mondialisation avait disparu, et où les échanges et les cadeaux étaient devenus bien rares. Et pourtant, en haut-lieu, on ne savait que trop bien quel pouvoir avait l’argent. Alors, à vingt-trois ans, je comptais pour lui. L’argent venait d’en bas, les rapports partaient en haut. C’était aussi simple que ça. L’avantage fondamental à occuper ce poste restait la possibilité de faire passer certaines dépenses pour d’autres : il n’y avait rien de plus simple pour blanchir l’argent. Combien de médaillons passèrent du stade du marché noir à l’honnête revenu d’un employé du conseiller ? Je ne saurais aujourd’hui le dire, mais inutile d’être un génie pour deviner que la somme totale était déjà astronomique.

Depuis lors, appuyé au balcon de mon perchoir doré, j'observe et je contrôle les rats. Comme ils grouillent, ils n'ont l'air que d'un infâme amas putride, dont les relents remontent parfois jusqu'aux étages supérieurs, mais une fois la meute assemblée et ordonnée, qui donc parmi les puissants soupçonnerait leur pouvoir? Bien peu de gens, c'est certain. Quoi que vous vouliez, c'est à un de mes rats qu'il faut parler, et vous l'aurez...si vous y mettez le prix. Depuis plus de trente cinq ans, d'Helion à Reiver en passant parfois par Steros, les rats circulent, et le rapace, depuis son nid, amasse les carcasses encore chaudes de leurs escapades. Je suis celui qui compte. Je suis celui qui ordonne. Je suis celui qui observe. Je suis Corvo Falconi, directeur du secteur 8.

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On s'occupe de la paperasse :sensei: sauf pour le logement, où il te faudra passer par la demande de logement

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